Bien qu’on ait voulu tronquer l’Histoire, la réalité s’est imposée à tous, puisqu’on a fini par admettre que l’Afrique, à travers ses combattants au nom peu respectable de « tirailleurs », a énormément contribué à la libération de la France alors que « l’ex-métropole » venait d’être annexée par les troupes allemandes en plein XXè siècle.
Sans réserve, les Africains se donnèrent à fond au combat, des milliers d’entre eux périrent tandis que les survivants allaient se contenter d’une maigre pension, comparée aux « vrais Français ». Pourtant, cette même France, des décennies plus tôt, posa ses valises en Afrique non en amie - évidemment -, mais plutôt en impérialiste résolue. Le colon venu de très loin de la Gaule, imposait sa loi aux peuples « indigènes » d’Afrique au terme de pires massacres, puis, s’est efforcé de « civiliser » les Africains qu’on traita longtemps de cannibales et de sauvages. Ah, pauvre Afrique.
Une période « civilisatrice » qui a débouché il y a un demi-siècle, à l’indépendance – factice – de la plupart des colonies françaises d’Afrique et des pays considérés comme tel – cas du Cameroun -, avant que la France, de manière peu ou prou déguisée, n’installe un encombrant tutorat dans les ex territoires alors sous son administration. Une politique que d’aucuns ont appelée le néo-colonialisme et dont le terme générique essentiellement ambigüe « Françafrique », - ironie du sort car ayant entre autres pour auteurs l’ancien président ivoirien Félix Houphouët Boigny - résume à lui seul la complexité et le flou qui ont toujours entouré les relations franco-africaines. En réalité, la France a donné l’impression de partir pour mieux s’installer, en comptant notamment sur des dirigeants contrôlables qu’ils a placés ou contribué à placer au pouvoir.
L’ambigüe françafrique
Le 11 avril 2011, l’Histoire retiendra que le quatrième président de la République de Côte d’Ivoire, en l’occurrence Laurent Koudou Gbagbo, fut délogé de sa résidence présidentielle d’Abidjan sous les balles, les tirs nourris de roquettes et les obus de l’armée française, aidée par les forces de l’Onu, a priori impartiales et protectrices. Au-delà des tentatives de démenti du gouvernement français tendant à démontrer que le président sortant a été arrêté par les éléments fidèles au président déclaré élu Alassane Dramane Ouattara, le « mal » était déjà fait, car en véritable village planétaire qu’il constitue grâce au développement des technologies de l’information et de la communication, le monde entier était déjà au courant de ce scoop que c’est bel et bien l’armée française à travers ses « forces spéciales » pas moins, qui a pêché ce gros poisson de la politique ivoirienne, alors reclus dans le bunker avec le dernier carré de fidèles, dont son épouse Simone.
Au regard des immixtions indénombrables de la France dans les affaires intérieures africaines, on peut quand même se demander pourquoi la « mère patrie » perd-elle tant d’énergie pour démentir une information au demeurant vraie et paradoxalement rendue publique par les médias français ? A se demander si tous ces médias dont on ne doute guère du professionnalisme pour peu qu’ils veuillent bien faire leur boulot se sont tous plantés – comme par enchantement - alors que des dizaines d’envoyés spéciaux et de correspondants permanents déployés sur place depuis quatre mois veillaient au grain dans l’espoir de capter ce qui pourrait être l’image de l’année non seulement en Côte d’Ivoire, mais peut-être en Afrique? En acceptant « d’apporter un appui » à l’armée restée fidèle à Ouattara, avec des chars d’assaut « sans entrer dans la résidence présidentielle », la France n’acceptait-elle pas déjà d’être partie prenante d’une guerre civile « ivoiro-ivoirienne » comme Paris l’a maintes fois réitéré? Son parti pris pour l’un des protagonistes de cette crise post-électorale ne souffrait d’aucune ambigüité. En acceptant ouvertement de « détruire » « l’armement lourd » de Gbagbo, la France savait qu’elle faisait partie intégrante des belligérants qui pourraient interpeler pour rendre compte des exactions et autres tueries sauvages consécutives à ce conflit.
Heureusement que dans cette France manipulatrice, oppressante, démagogue et non respectueuse de la souveraineté des Etats, fussent-ils d’anciennes colonies, il y a des citoyens français qui ont le sens de l’honneur, de l’équité, du bon sens et de la véracité des faits. Au sein même de la classe politique française, indépendamment des chapelles politiques, on reconnaît sans ambages que «ce sont bien des chars français qui sont rentrés dans la résidence». Qui plus est, l’on décrit aux moindres détails que «le général qui a remis son arme en signe de reddition l'a remise à un Français de la force Licorne », cette dernière étant comme on le sait, la force spéciale d’environ deux mille militaires déployés en Côte d’Ivoire pour accompagner le processus démocratique dans ce pays.
L’Onu en guerre.
Sur ses ergots, la vaniteuse France bien installée en terrain conquis, et qui se plaît à distribuer les rôles, n’a pas à se justifier de son intervention armée en Côte d’Ivoire. Encore que l’indépendance qu’elle a octroyée à la Côte d’Ivoire comme aux autres ex-colonies françaises d’Afrique reste et demeure une indépendance factice. Raison pour laquelle les peuples africains doivent comprendre et intégrer que plus que jamais, la lutte pour la totale indépendance de l’Afrique les attend. Cette lutte est imposée à l’Afrique qui doit en prendre conscience et se donner les moyens d’en sortir victorieuse. A contrario, le développement de l’Afrique ne serait qu’une vue de l’esprit. La grande France doit-elle se justifier devant les petits Africains d’une intervention armée qui n’a fait qu’un peu plus d’un millier de morts de « nègres » alors que le secrétaire général de l’Onu, le très obséquieux Ban Ki-moon avait donné un mandat « par écrit » à la France d’intervenir avec tout ce que cela peut suggérer comme un libertinage d’actions, tout au moins, comme l’a expliqué le président français Nicolas Sarkozy ? N’est-ce pas cette même France qui était intervenue en 2002 pour contrer les rebelles devenus « Forces nouvelles » alors que ceux-ci se dirigeaient sur Abidjan ? Et que dire de l’intervention de l’armée française en février 2008 alors que le régime du président Idriss Déby Itno allait céder sous la pression des mouvements rebelles tchadiens ? On pourrait citer des exemples de ce genre d’interventionnisme français à profusion ; nonobstant le discours « révolutionnaire » de Dakar pendant lequel l’actuel président français annonçait bruyamment la mort de la Françafrique. Trois ans plus tard, cette Françafrique est plus que jamais renforcée.
Qu’on se le dise, la France n’aime pas l’Afrique pour ses beaux yeux. La France n’aime même pas l’Afrique et les Africains. La France aime plutôt les richesses d’Afrique : pétrole, minerais, matières premières et toutes les autres richesses qui permettent à la France d’être parmi les économies les plus puissantes du monde. Les autorités françaises et les milieux d’affaires ne s’en cachent que peu d’ailleurs. Le jour où cette Afrique prendra conscience de sa force, le discours des « ministrons » français qui braillent sans cesse contre les Africains qui viennent « noircir » la belle France changera. Et un peu à l’image de la « Dialectique du maître et de l’esclave » dont parlait il y a plus de trois siècles le philosophe Allemand Friedrich Hegel. Juste ce rappel aux Africains : la liberté ne s’octroie pas…
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