Sont loyalistes, ceux qui témoignent de la loyauté à leurs souverains ou aux régimes et aux institutions établis en leur restant fidèles face à la rébellion.

Citation du jour

Citation du jour : "Quiconque nie l'autorité et le combat est anarchiste." [Sébastien Faure]

Bon mois de Ramadan

Bon mois de Ramadan

mercredi 10 août 2011

La fin de l’autorité scolaire absolue




L’autorité repose en grande partie sur le pouvoir. À l’époque, pas si lointaine, où les enseignants et les institutions détenaient le savoir et le pouvoir, les élèves n’avaient qu’à bien se tenir. Or, les temps ont changé. Pour commencer, les médias ont largement contribué à diffuser le savoir. Aujourd’hui, les nouvelles technologies de la communication causent une nouvelle vague de changement qui habilitent les individus, au sens d’empowerment, comme aucune autre invention de l’histoire. Ce pouvoir tient largement au fait que les individus ont toute liberté de mailler des groupes à l’insu de l’ordre établi. La subversion a déjà atteint l’ordre universitaire, et elle ne devrait pas tarder à gagner le collégial et le secondaire.


Récemment, un article dans The Chronicle of Higher Education mettait en lumière les nombreuses façons dont les nouvelles technologies ont transformé les méthodes d’apprentissage des étudiants (The Net Generation Goes to College). Le plus étonnant, c’est que les universités sont impuissantes à endiguer la vague qui déferle ; elles n’ont d’autre choix que de s’adapter au changement.

La conscience de leur autonomie incite les étudiants à organiser la vie universitaire comme ils l’entendent. Ils ne se contentent pas de modifier les méthodes d’apprentissage, mais de chambouler l’organisation des cours. À tel point que bon nombre de professeurs ont appris à ne plus donner de cours le vendredi (New York Times : How Thursday Became the New Friday). Naturellement, les administrateurs sont aux abois : « There are literally billions of dollars in facilities that sit empty for too many hours of the week. »

Au collégial et au secondaire, les premiers signes du bouleversement imminent sont déjà manifestes dans le mécontentement ou l’indifférence des élèves à l’endroit d’une école qui tarde à se moderniser. On reproche beaucoup aux élèves leur indiscipline, que les éducateurs, toujours les derniers à s’observer, sont prompts à mettre sur le compte de l’éclatement de l’ordre familial et social. Sans pour autant minimiser les bouleversements familiaux et sociaux, il n’en demeure pas moins que les écoles, avec leur organisation archaïque, sont largement responsables de leurs déboires. Je ne crois pas que l’on puisse continuer très longtemps à contrôler toute cette jeunesse par une autorité caduque, c’est-à-dire une autorité qui fait fi de leurs besoins éducationnels.



L’autorité bien comprise


L’autorité est un concept mal défini que l’on associe à la notion de pouvoir. Or, elle s’en distingue : le pouvoir implique l’obéissance et l’autorité, la reconnaissance. Derrière autorité il y a « auteur », celui qui crée ! Restaurer l’autorité n’est pas promouvoir l’autoritarisme mais re-injecter cette motivation à construire l’avenir.

Qui dit participation dit information et communication. Il faut de la transparence, de la construction et de l’écoute pour partager la responsabilité et reconnaître l’autorité. L’autorité s’inscrit dans la durée. Elle est à la fois obligation limitée et ressource pour l’action commerçante.

La distance a souvent été considérée comme une condition de l’autorité. Pourtant, quand la légitimité est reconnue, l’autorité n’a guère besoin de distance. A l’opposé, la familiarité véhicule ce doute sur la légitimité. Le débat n’est pas dans ce choix entre proximité ou distance, mais juste équilibre et continuité réussie parce que reconnue. Réussir à être exemplaire, « faire ce que je dis, … » est pédagogique. Risque et responsabilité constituent le ressort de l’exemplarité.

L’autorité est une relation, elle passe par le langage, se fait et se défait dans la parole ! L’autorité que l’on instaure par le silence  est menaçante et provoque attente et dépendance. L’autorité naturelle  cherche à partager les mots d’autrui, à se rendre accessible.

L’autorité suscite le respect contrairement à l’autoritarisme qui provoque la crainte. Ce qui est respectable ne tient guère à l’homme qui exerce l’autorité mais au principe qu’il incarne. En cela, celui qui l’exerce comme ceux qui s’y soumettent sont égaux devant les valeurs qui constituent leur pacte de confiance. 
 
Bien comprendre ces nuances est ici fondamental en ces temps de changement. La hiérarchie "par les barrettes" est en effet plus que jamais battue en brêche. Gageons que les jeunes générations ne reviendront pas en arrière et que la nostalgie n'est plus là pour opérer.
 
Demain, plus qu'hier (et particulièrement dans ces périodes de crise, de cassures et de changement), "ces autorités bien comprises" susceptibles de montrer le cap et de donner du sens... seront fort attendues !

jeudi 4 août 2011

Maroc : Les premiers avions militaires F-16 bientôt livrés




Selon le site Defence Web, le Maroc devrait recevoir cette semaine, les 4 premières unités des 24 avions F-16 commandés aux Etats-Unis. Le constructeur américain Lockheed Martin a déclaré ce lundi que les avions avaient quitté l’usine, dans le Texas, et se dirigeaient vers l’ancienne base amécaine de Ben Guerir (57 km au nord de Marrakech).
L’inspecteur adjoint de l’armée de l’air marocaine Abdelali Houari, a déclaré à cette occasion : « nous modernisons notre flotte et nous avons choisi les F-16 non seulement parce que ce sont des avions de qualité, mais aussi pour les relations étroites que nous avons avec les Etats-Unis.
Defense Web annonce d’ailleurs que les pilotes marocains de ces avions F-16 ont achevé en juin dernier, une formation de 15 mois aux USA. Ladite formation aurait consisté en 3 sorties hebdomadaires en moyenne, et aurait permis aux pilotes d’accumuler chacun 150 heures de vols. Six autres pilotes devraient achever leur formation en septembre prochain.

lundi 1 août 2011

Allocution Hillary Clinton : Maroc journée national




Communiqué de presse
Hillary Rodham Clinton
Secrétaire d'Etat
Washington, DC
29 juillet 2011



Au nom du président Obama et du peuple américain, j'envoi mes vœux les plus chaleureux au roi Mohammed VI et au peuple marocain à l'occasion de la fête nationale de votre pays en ce juillet 30.

Pendant cette période de changement profond au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les Etats-Unis soutient vos efforts pour renforcer la primauté du droit, des droits humains et la bonne gouvernance. Je félicite le Roi Mohamed VI et le peuple marocain sur le référendum constitutionnel pacifique organisé le 1er juillet, et l'accueil comme une étape importante vers la réforme démocratique.

Le Maroc est un ami de longue date, partenaire et allié des Etats-Unis. Où que vous célébrer cette journée spéciale, sachez que les Etats-Unis sont avec vous. J'ai hâte de continuer à renforcer ce partenariat que nous travaillons ensemble vers nos objectifs communs.

source : http://www.state.gov/secretary/rm/2011/07/169370.htm

samedi 30 juillet 2011

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'occasion du 12ème anniversaire de Son accession au Trône



Discours en audio français :




Texte du discours :



Le Roi Mohammed VI a adressé samedi un discours à son peuple fidèle à l'occasion du 12ème anniversaire de Son accession au Trône de Ses glorieux ancêtres. Voici le texte intégral du discours royal: "Louange à Dieu.
Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Cher peuple,.
C'est pour nous un motif de joie et de fierté que de célébrer le douzième anniversaire de Notre accession au Trône, sous l'égide de la nouvelle Constitution du Royaume. Cette Constitution, la Nation, Roi et peuple, a choisi, par voie référendaire, de la faire sienne, en tant qu'engagement contractuel rénové, qui consacre le pacte indéfectible scellé entre le Trône et le peuple.
D'emblée, Nous tenons à saluer la participation massive et la forte adhésion à ce processus de l'ensemble du peuple marocain, que ce soit dans les villes ou les campagnes, à l'intérieur ou à l'extérieur du Royaume. Qu'il s'agisse d'individus, de groupes, d'hommes, de femmes, de jeunes ou de moins jeunes, que ce soit les partis politiques, les syndicats ou les associations, ou encore la Commission consultative de révision de la Constitution, le Mécanisme politique de suivi et de concertation au sujet de la réforme constitutionnelle ou les élites intellectuelles, tous ont apporté leur concours à la réalisation de cette grande mutation, rendue possible par une volonté nationale indépendante. C'est dire la fierté qu'en tirent les Marocains tous ensemble et l'estime internationale portée à l'originalité de ce modèle marocain.
Nous voulons également rendre hommage à toutes les autorités publiques et les représentations diplomatiques du Royaume, pour les efforts inlassables qu'elles ont déployés afin d'assurer la bonne organisation de ce référendum constitutionnel, dans le plein respect de la loi et des impératifs de probité, de transparence et de neutralité.
Maintenant que le peuple marocain a tranché, en adoptant une nouvelle Constitution à teneur fort avancée, celle-ci s'affirme désormais comme une Constitution pour tous les Marocains. Nous avons ainsi jugé opportun de Nous concentrer, dans le Discours que Nous t'adressons aujourd'hui, sur l'étape consécutive à celle de son adoption. Il s'agit, en l'occurrence, d'assurer la mise en ¿uvre optimale, dans sa lettre et dans son esprit, de cette Constitution qui Nous engage et dont Nous sommes le garant, veillant à sa bonne application.
Mais toute Constitution, aussi parfaite qu'elle puisse être, n'est ni une fin en soi, ni même le terme d'un parcours. Elle constitue plutôt une base solide pour un nouveau pacte constitutionnel marquant la volonté d'aller de l'avant dans la mise en place d'institutions efficientes et crédibles, en vue de la consolidation de l'Etat de droit et des droits de l'Homme, de la bonne gouvernance et du développement.
Cependant, ces institutions, quelle qu'en soit l'efficacité, risquent de demeurer purement formelles tant que leur action ne produira pas ses effets sur la Patrie, en termes de préservation de sa souveraineté, sa sécurité et son unité, et en matière de développement et de progrès, et tant qu'elle n'aura pas d'impact sur les citoyens, en leur assurant liberté, égalité, dignité et justice sociale.
Certes, nous avons, cher peuple, réalisé notre grande ambition nationale, qui est d'accéder à une nouvelle ère démocratique. Pour autant, le grand défi qui reste à relever est celui de la qualification et de la mobilisation de tous les acteurs, de sorte que cette Constitution devienne une réalité concrète, et une pratique quotidienne qui reflète la démocratisation de l'Etat et de la société à la fois, tout en ouvrant de vastes perspectives prometteuses d'une vie libre et digne, surtout pour nos jeunes et pour les catégories populaires les plus démunies.
Pour relever les défis de la phase suivante, notre grand atout demeure notre foi inébranlable dans les constantes nationales et notre confiance totale en nous-mêmes, en nos capacités propres, en la crédibilité de nos institutions, la pertinence de nos choix et le dynamisme de notre société. Il tient aussi au travail assidu et à l'exploitation judicieuse du climat de confiance qu'est venue consacrer l'approbation populaire massive de la Constitution.
Cher peuple,.
Pour accomplir Notre mission constitutionnelle qui consiste notamment à garantir le bon fonctionnement des institutions constitutionnelles, il Nous appartient, avant tout, dans cette étape importante, de veiller à leur mise en place, dans les plus brefs délais et dans de bonnes conditions, sur la base des trois fondamentaux suivants :.
- Premièrement : Attachement à la suprématie de l'esprit et de la lettre de la Constitution, unique voie judicieuse pour son application. Par conséquent, Nous considérons que toute pratique ou interprétation incompatible avec son essence démocratique, constituerait une transgression inacceptable, contraire à la volonté commune du Roi et du peuple.
- Deuxièmement : Nécessité de créer un climat politique sain, digne du Maroc nouveau, issu de cette Constitution, un Maroc plein d'assurance, d'ardeur au travail, d'audace et de volontarisme, un Maroc totalement mobilisé, animé par l'espoir et la volonté de traduire sur le terrain, de façon tangible, l'essence et la substance de cette Constitution avancée.
- Troisièmement : Nécessité d'¿uvrer, dans un esprit consensuel positif, à l'opérationnalisation des institutions constitutionnelles, en veillant à l'adoption des textes juridiques nécessaires et à la mise en ¿uvre des réformes politiques requises. Celles-ci devraient, en effet, favoriser l'émergence d'un paysage politique et institutionnel nouveau et sain, qui soit digne de notre Constitution avancée, et de nature à prévenir la reproduction des travers et des dysfonctionnements affectant le paysage politique actuel.
En effet, tout atermoiement risque d'hypothéquer cette dynamique de confiance et de dilapider les opportunités qu'offre la nouvelle réforme en matière de développement et pour réunir les conditions d'une vie décente pour Notre peuple vaillant. De plus, tout retard serait incompatible avec les dispositions transitoires de la Constitution qui, par définition, ont un caractère provisoire.
Nous appelons donc tous les acteurs concernés à adopter un échéancier rigoureux qui leur permette, à eux et à tous les citoyens, de disposer d'une vision claire du processus de mise en place des institutions constitutionnelles, à court et moyen terme.
- A court terme, la priorité devrait être donnée à l'adoption des nouvelles lois relatives aux institutions législatives, exécutives et judiciaires.
A cet égard, il importe de commencer par l'élection de la nouvelle Chambre des Représentants, pour que Nous procédions, sur la base des résultats du scrutin y afférent, et conformément aux dispositions de la Constitution, à la nomination du Chef de gouvernement, au sein du parti qui sera arrivé en tête de ces élections, et aussi pour pouvoir former, par la grâce de Dieu, un nouveau gouvernement issu d'une majorité parlementaire solidaire et homogène.
Quant à la Chambre des Conseillers, sa mise en place est subordonnée à l'adoption des lois organiques et autres textes législatifs relatifs à la régionalisation avancée, aux différentes collectivités territoriales et à la deuxième Chambre. Elle est également tributaire de l'organisation, selon un calendrier précis, des échéances électorales y afférentes, lesquelles seront bouclées par l'installation de la Chambre des Conseillers, dans sa nouvelle composition, avant fin 2012.
A ce propos, Nous exhortons tous les acteurs concernés à ¿uvrer de façon constructive, pour réunir les conditions appropriées afin que ce processus électoral à paliers multiples et successifs, se déroule dans le respect des valeurs de probité et de transparence. Nous les engageons à faire preuve d'un sens élevé des responsabilités et à faire prévaloir les intérêts supérieurs de la nation et des citoyens, sur toute autre considération.
La Constitution ayant consacré l'instauration d'un pouvoir judiciaire indépendant, il faudra s'atteler, à brève échéance, à l'adoption des textes législatifs relatifs au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la Cour Constitutionnelle.
- S'agissant du moyen terme, la mise à niveau législative globale reste l'un des principaux chantiers qu'il appartient au gouvernement et au parlement de mettre en marche avant la fin de la prochaine législature. D'où la nécessité de mettre au point une feuille de route rigoureuse pour l'élaboration et l'adoption des différentes lois organiques, et la mise en place des différentes institutions dédiées aux droits de l'Homme et celles vouées au développement.
S'il est naturel qu'une application optimale de la nouvelle Constitution bute, à l'instar de tout processus historique, sur quelques difficultés et autres écueils, il n'en demeure pas moins qu'il appartient à tous, chacun pour ce qui le concerne, de s'impliquer dans une mobilisation tous azimuts et de s'investir de façon citoyenne et engagée, dans la construction de cet édifice constitutionnel avancé. La confiance et l'adhésion à l'action collective doivent prévaloir sur les tentations démobilisatrices, démoralisantes et nihilistes, et sur les pratiques mystificatrices éculées.
Cher peuple,.
Le parachèvement de la construction de l'édifice institutionnel et du dispositif dédié au développement, que prévoit la nouvelle Constitution, demeure tributaire de l'action résolue qui devra être engagée pour assurer une mise à niveau profonde et effective du paysage politique, et pour mettre à profit ce climat de confiance afin de rendre ses lettres de noblesse à l'action politique dans notre pays.
A ce propos, les partis politiques, majorité et opposition confondues, dont la nouvelle Constitution est venue conforter le statut comme acteurs centraux dans le processus démocratique, sont appelés à redoubler d'efforts pour favoriser la réconciliation des citoyens, surtout les jeunes, avec l'action politique dans sa noble acception patriotique. Celle-ci devrait se déployer aussi bien au sein des partis -auxquels la Constitution a confié la mission de contribuer à l'expression de la volonté des électeurs- à travers l'adhésion aux institutions gouvernementales exerçant le pouvoir exécutif, ou de l'institution parlementaire, qui dispose de larges pouvoirs législatifs et de contrôle, ou encore au sein des instances et des mécanismes de démocratie locale, participative et citoyenne.
Dans le même ordre d'idées, le nouveau dispositif constitutionnel requiert des acteurs politiques de rivaliser d'ardeur pour mettre au point des projets sociétaux distinctifs, et les traduire en programmes de développement créatifs et réalistes, et aussi pour choisir des élites qualifiées, aptes à assurer une bonne gestion de la chose publique, aux niveaux national, régional et local.
Cependant, la consécration constitutionnelle du principe liant le pouvoir de décision politique au verdict des urnes, assigne aux citoyennes et citoyens la lourde tâche d'opérer un choix judicieux de leurs représentants.
En effet, il faut que chacun ait conscience que ce sont les partis, avec les choix voulus par le peuple et par les institutions issues de sa volonté, qui assumeront le pouvoir au nom de ce peuple, et prendront, selon les choix qu'il aura faits, les décisions concernant la gestion des affaires publiques, tout au long de leur mandat.
Il appartient également aux élus de garder à l'esprit que la concomitance de la responsabilité et de la reddition des comptes est devenue une règle ayant une prééminence constitutionnelle, une sanction légale et des normes morales contraignantes.
Parallèlement, il faudra veiller à rendre effective la consécration constitutionnelle du rôle assigné à la société civile et aux médias dans la construction politique et dans les domaines des droits de l'Homme et du développement. Ils devraient ainsi pouvoir assumer efficacement leurs responsabilités en tant que force de proposition, et comme levier efficient et partenaire fondamental dans le processus de consolidation de cette construction.
Cher peuple,.
Le nouveau pacte constitutionnel et politique -avec ce qu'il garantit comme dispositif intégré de droits de l'Homme et de devoirs de citoyenneté- risque d'être purement formel, s'il ne s'accompagne de l'émergence d'un contrat social et économique solidaire, permettant à chaque citoyenne et chaque citoyen de ressentir l'impact positif de l'exercice de ces droits sur leur quotidien et sur la dynamique de progrès que connaît leur pays.
C'est pourquoi la mise en ¿uvre des mécanismes prévus par la nouvelle Constitution ne devrait pas nous faire perdre de vue la nécessité de poursuivre les efforts engagés en matière de développement. Mieux encore, le nouveau texte constitutionnel devrait, au regard de l'impératif de bonne gouvernance qu'il implique, constituer un puissant levier pour accélérer le rythme de ce processus, tout en veillant à la préservation des équilibres macro-économiques et financiers, devenue, désormais, une règle constitutionnelle.
De même, l'élargissement du domaine des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, énoncé dans la nouvelle Constitution, implique le devoir de persister à relever le plus grand de tous les défis, à savoir la lutte contre le chômage, la pauvreté, la précarité et l'analphabétisme. Il faudra, donc, lancer, à cet effet, une nouvelle génération de réformes profondes, propres à faciliter pour chaque citoyen les conditions d'accès à ce qui fait l'essence des droits précités, en l'occurrence un enseignement utile, un emploi productif, une couverture médicale efficiente, un logement décent et un environnement sain, outre un développement humain, assuré notamment à travers la poursuite de la réalisation optimale des programmes de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH).
La même exigence s'impose en ce qui concerne le nouveau pacte économique qui implique le devoir d'être attentif à l'appareil de production, et de stimuler l'esprit d'initiative et la libre entreprise, en s'attachant notamment à encourager les PME. Cette démarche est en accord avec l'esprit de la nouvelle Constitution qui consacre l'Etat de droit dans le domaine des affaires, prévoit une série de droits et institue un certain nombre d'instances économiques.
Celles-ci sont chargées de garantir la liberté d'entreprendre et les conditions d'une concurrence loyale, ainsi que la mobilisation des dispositifs de moralisation de la vie publique et des moyens de lutte contre le monopole, les privilèges indus, l'économie de rente, la gabegie et la corruption.
Cher peuple,.
La nouvelle loi suprême du Royaume, qui consacre l'attachement aux référentiels et aux idéaux universels, et affirme la prééminence des conventions et traités internationaux -dûment ratifiés par le Royaume- par rapport aux législations nationales, constitue un puissant levier pour la diplomatie nationale dans l'action qu'elle mène au service des intérêts supérieurs et des causes justes du Maroc, et pour un rayonnement accru du Royaume à l'échelle régionale et internationale.
En posant les piliers de la régionalisation élargie et de la démocratie territoriale à l'échelle de toutes les régions du Royaume, avec à leur tête nos provinces du Sud, la remarquable évolution enregistrée sur le plan institutionnel et en matière de bonne gouvernance et de développement va constituer, Nous en sommes persuadé, un puissant soutien à l'Initiative d'Autonomie en tant que solution politique et définitive au conflit artificiel suscité autour de notre Sahara, solution qui doit être recherchée à travers une négociation responsable, animée par un esprit de consensus et de réalisme, dans le cadre des Nations Unies et en collaboration avec son Secrétaire général et l'envoyé spécial de celui-ci.
A cet égard, Nous réaffirmons que la question de notre intégrité territoriale restera la priorité des priorités dans notre politique intérieure et extérieure. Nous réitérons, par conséquent, notre volonté de maintenir le cap et continuer à défendre notre souveraineté et l'intégrité de notre territoire qui ne souffrent aucun marchandage.
Partant des constantes de notre politique extérieure, que Nous nous sommes employé, depuis Notre accession au Trône, à conforter et à consolider, Nous sommes résolu à aller de l'avant dans l'action que Nous menons au service des intérêts supérieurs de la Nation.
C'est dans cet esprit que Nous ¿uvrons au raffermissement des liens inhérents à l'appartenance régionale de notre pays et au développement de ses relations internationales, qui doit être poursuivi, quelles que soient les contraintes liées à une conjoncture internationale agitée et à un contexte régional difficile.
La consolidation de l'adhésion du Maroc au dispositif international des droits de l'Homme, à travers notamment la consécration constitutionnelle des règles de bonne gouvernance, est de nature à conforter la crédibilité de notre pays en tant que partenaire économique jouissant d'une forte attractivité en matière d'investissement. Pour cela, il dispose d'un atout majeur, en l'occurrence les partenariats et accords de libre-échange conclus aussi bien avec des pays et groupements situés dans notre voisinage immédiat, qu'avec d'autres grandes puissances économiques.
En ce qui concerne les liens du Maroc en rapport avec son appartenance régionale, nous demeurerons attachés à la construction de l'Union Maghrébine en tant que choix stratégique et projet intégrateur incontournable, et ¿uvrerons avec toute la détermination et la persévérance requises pour venir à bout des obstacles qui entravent, hélas, la mise en ¿uvre de ce projet dans le cadre d'un processus sain et cohérent.
Le Maroc ne ménagera donc aucun effort pour développer ses relations bilatérales avec les pays de la région. A cet égard, nous prenons acte de l'évolution positive que connaissent les rencontres ministérielles et sectorielles en cours, convenues avec l'Algérie.
Fidèle aux liens séculaires de fraternité qui unissent nos deux peuples et soucieux de répondre aux aspirations des générations montantes, Nous tenons à l'amorce d'une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres. Cette démarche exclut tout immobilisme ou ostracisme incompatible avec les liens de bon voisinage, l'impératif d'intégration maghrébine et avec les attentes de la communauté internationale et de notre espace régional.
En ce qui concerne son appartenance arabo-islamique, le Maroc, qui suit avec préoccupation les mutations à l'¿uvre dans certains pays arabes frères, estime que, pour contenir les risques qui mettent en péril la sécurité et l'intégrité territoriale des pays, il n'y a d'autre choix que de prendre à bras le corps les problématiques et les défis qui sont les nôtres. Il faudrait, à cet égard, faire preuve d'audace et de vision prospective, privilégiant le dialogue consensuel constructif et excluant les approches classiques ayant démontré leurs limites et leur inanité.
Servir, dans ce sens, les intérêts vitaux de la nation arabe exige, avant tout, de se prévaloir de l'esprit de coopération, ainsi que de leurs complémentarités et des possibilités d'un partenariat optimal entre toutes les composantes et les ensembles régionaux du monde arabe.
La cause palestinienne demeure en tête de nos préoccupations, surtout dans cette conjoncture qui voit naître de grands espoirs suscités par les positions constructives de certaines grandes puissances mondiales et par les retombées escomptées de la réconciliation inter-palestinienne.
En Notre qualité de Président du Comité Al-Qods, Nous lançons un appel au Quartet pour qu'il prenne ses responsabilités en cette phase critique du conflit israélo-palestinien. Nous réaffirmons, à cet égard, que l'avènement d'une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient passe par la nécessité de garantir le droit de tous les peuples de la région à la liberté, à la stabilité et à la prospérité, outre l'instauration d'un Etat palestinien indépendant et viable, avec Al-Qods-Est pour capitale.
Pour ce qui est de nos relations en rapport avec notre prolongement africain, qui constitue un espace d'opportunités prometteuses, nous tenons à suivre, en la matière, une approche sans cesse renouvelée, se fondant sur le principe de solidarité et la consolidation de la sécurité et de la stabilité, notamment dans la région sub-saharienne et du Sahel. Cette approche vise également la création des conditions d'un développement humain, à même de permettre l'amélioration du vécu du citoyen africain, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Par ailleurs, les événements et les changements qui se déroulent actuellement au sud de la Méditerranée, confirment la nécessité d'opérer un saut qualitatif dans les processus de partenariat Nord-Sud, afin de créer un espace économique et humain solidaire et harmonieux, dont les peuples se partagent les valeurs de démocratie et le fruit du co-développement.
Le partenariat entre le Maroc et l'Union Européenne, dans ses différentes dimensions, pourrait être une source d'inspiration pour l'élaboration de cette approche équilibrée et mutuellement bénéfique.
Le Maroc continuera à coopérer avec ses autres partenaires dans les continents américain et asiatique, dans le cadre de partenariats stratégiques fructueux et de manière à imprimer un dynamisme accru à tous nos partenariats à travers le monde.
Cher peuple,.
En ce moment historique qui se distingue par l'avènement d'une nouvelle ère constitutionnelle, Nous avons une pensée émue et déférente pour la mémoire immaculée de Notre Vénéré Grand-Père, héros de la libération et de l'indépendance, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, et de Notre Auguste Père, feu Sa Majesté le Roi Hassan II, bâtisseur de l'Etat marocain moderne, ainsi que de tous les braves martyrs de la patrie, que Dieu les ait en Sa sainte miséricorde.
De même, Nous rendons hommage à nos Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, à la Sûreté Nationale, à l'Administration territoriale, aux Forces Auxiliaires et à la Protection civile, pour leur dévouement et leur mobilisation constante, sous Notre commandement, pour la défense de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la Patrie et la préservation de sa sécurité et sa stabilité.
Cher peuple,.
A chaque époque ses hommes et ses femmes, et à chaque nouvelle ère ses institutions et ses instances. Cette maxime s'applique parfaitement à la Constitution de 2011. Ainsi, et dans la mesure où c'est une Constitution avancée, relevant d'une nouvelle génération de Constitutions, elle requiert aussi une nouvelle génération d'élites qualifiées, imprégnées de culture et d'éthique politiques nouvelles. Ces élites se doivent de faire preuve de patriotisme, de citoyenneté responsable et d'un sens élevé des responsabilités et de l'intérêt général.
Cette Constitution requiert également des politiques audacieuses, propres à préserver les acquis, à corriger les dysfonctionnements et à faire aboutir les réformes globales.
Telle est la voie judicieuse à suivre pour concrétiser notre aspiration commune à édifier un Maroc nouveau, uni, démocratique et avancé, garantissant à tous ses enfants une citoyenneté pleine et entière, préservant leur dignité et sauvegardant l'unité et la souveraineté de la patrie.
"Seigneur, accorde-nous Ta miséricorde, et assure-nous la droiture dans notre conduite". Véridique est la parole de Dieu.
Wassalamou alaikoum wa rahmatoullahi wabarakatouh".

Al-Mansûr le Saladin berbère oublié

Fichier:Al-Mansur Calatañazor.jpg

Abû `Âmir “al-Mansûr bi-llah” Muhammad ben `Abd Allah ou Ibn `Âmir Al-Mansûr ou Mohamet ibn Abu Adher "al-Mansûr" ou encore hajib, Ibn Abi Amir al-Mansûr (en arabe : أبو عامر "المنصور بالله" محمد بن عبد الله), né à Algésiras vers 937-938 et mort à Medinaceli en 1002, est un chef militaire et homme d'État d'al-Andalus. A-Mansûr signifie le Victorieux en arabe et est devenu Almanzor chez les chrétiens. Les très nombreuses expéditions lancées contre les chefs chrétiens lui valent même le surnom de champion du djihad. Vizir du palais du calife omeyyade de Cordoue, Hichâm II (976-1013), il obtient, à force d’intrigues, d’assassinats politiques et de nombreuses victoires à travers la péninsule Ibérique, tout pouvoir en al-Andalus de 978 à sa mort en 1002 fondant ainsi la courte dynastie amiride.

Jeunesse :


Fichier:Mezquita1.jpg

Muhammad ibn Abî'Amir est le fils d'Abd-Allah, issu d'une riche famille yéménite de cadis et de juristes, les Banû Ma'âfir ; sa mère Borayha quand à elle est issue d'une famille berbère. Un de ses ancêtres, Abd al-Malik, avait participé en 711 à la conquête de l'Hispanie wisigothe sous les ordres de Tariq ibn Ziyad et obtenu une terre en Andalousie, près d'Algésiras dans le village de Torash. C'est sur cette même terre que naît Almanzor trois siècles plus tard.

La date de sa naissance n'est pas connue avec précision, cependant sa mort en 1002, selon Ibn Idhârî à l'âge de soixante-cinq ans, permet d'en déduire qu'il naît vers 937/938. Cette date confirme de peu les écrits d'al-Abbâr qui donnent 939/940 pour année de naissance, date d'autant plus marquante qu'elle correspond à la défaite de Simancas. L'enfance d'Almanzor est tout aussi méconnue. Son père meurt à Tripoli au cours de son pèlerinage à la Mecque. Très jeune, il quitte sa famille pour suivre des cours de magistrature à Cordoue, à l'époque un des centres d'études les plus prestigieux du monde musulman. Studieux, il y acquiert de solides connaissances juridiques sous les cours d'éminents enseignants dont certains, invités par la calife Al-Hakam proviennent même de Baghdad comme Abu Bakr ibn Mu'âwiya Al-Qurayshî, un traditionaliste reconnu. Très tôt, il fait preuve d’ambition, annonçant par exemple un soir à ses amis qu'un jour il deviendra gouverneur du pays. Chacun des présents, se prenant au jeu, lui annonce la fonction qu’il souhaiterait occuper ; une fois arrivé au pouvoir, il attribue les charges ainsi demandées.

Il débute comme écrivain public, poste qu'il occupe jusqu'en 967 où il devient aide-greffier au prétoire du cadi en chef de la capitale. Apprécié pour ses qualités, il est rapidement transféré aux ordres du vizir Al-Mushafî, un vieil homme originaire d'une famille modeste de Valence qui a gravi les échelons sous le règne d'Al-Hakam II. Cette mutation lui permet d'atteindre les hautes sphères du pouvoir.

Ascension :


Fichier:MonAlhakenII01.jpg

Au service d'Al-Mushafî, Al-Mansûr devient, grâce à ses compétences, son honnêteté et son éducation, administrateur des biens du fils du calife Abd al-Rahmân et de sa mère la princesse Subh, une captive vasconne qu'Al-Hakam II avait choisie pour favorite. Cette fonction marque le début de la carrière politique d'Almanzor. D'une habileté remarquable il est désigné dès septembre 967 sâhib al-sikka c'est-à-dire directeur de l'atelier monétaire de Cordoue. L'appui de la princesse Subh lui permet de gravir rapidement les échelons, le 1er décembre 968, il est promu comme sâhib al-mawârîth c'est-à-dire curateur des successions vacantes, chargé de l’administration des biens en déshérence. En octobre 969, il devient cadi de Niebla et de Séville et finalement, en juillet 970, après la mort du jeune prince Abd al-Rahmân, il reçoit de nouveau la charge de gérer la fortune du nouvel héritier, Hicham II. Cette très rapide ascension est l’objet de critiques au sein du peuple et éveille la méfiance du calife Al-Hakam II, qui continue néanmoins à lui confier différentes missions.

Ainsi, Almanzor reçoit rapidement le titre de cadi suprême (qâdi al-qudât), lui permettant d'être garant de la justice pour l'ensemble de l’oumma sunnite, et traite les affaires relatives aux testaments, aux biens de mainmorte, aux divorces, aux partages, aux successions et à l'administration des biens des orphelins. Cette lourde charge prouve la confiance que lui accorde malgré tout le calife ; ainsi, au mois de juillet 973, il est chargé de se rendre au Maghreb afin de porter des présents à plusieurs chefs berbères ralliés à la cause du calife. C’est au cours de ce voyage qu'il comprend le parti qu'il peut tirer des populations berbères et de leurs chefs qui constituent un réservoir inépuisable de combattants.

La mission au Maghreb d'Almanzor est un succès et il ne manque d'ailleurs pas d’informer régulièrement le calife de son bon déroulement et ne rentre à Cordoue qu'au mois de septembre 974 avec tous les honneurs. En moins de dix ans, Almanzor est devenu un des personnages les plus importants du régime et une personne de confiance pour le calife Al Hakam II. Toutefois il lui reste encore un obstacle, le chambellan (hâdjib), Dja'far al-Mushafî, à la tête du gouvernement, de l’armée et des services de renseignement, qui étend son autorité sur les gouverneurs provinciaux et surtout bénéficie du privilège d'être le seul vizir à pouvoir s'entretenir quotidiennement avec le calife. C'est ce titre qu’Almanzor convoite désormais.



Crise de succession :


Fichier:Salon Rico 4.jpg

Au printemps 975, Al-Hakam II vieillissant quitte Madînat al-Zahra pour rentrer à Cordoue et s’assure de nommer son fils comme successeur en invitant le 5 février 976 les notables de signer l'acte déclarant Hishâm comme son héritier et c'est à Al-Mansûr, entre autres, que revient la charge de faire parvenir à travers la péninsule et en Afrique du Nord le document qu'aucun notable n’osera refuser de peur de désobéir au calife. Al-Hakam meurt quelques mois plus tard, le 1er octobre 976, laissant un royaume divisé ; le parti des esclavons(saqâliba), issus d'esclaves européens (principalement slaves) affranchis formant une caste au sein du royaume, a acquis en quelques décennies une grande puissance du fait de leurs importantes fonctions au sein du gouvernement. Les esclavons, dont la seule ville de Cordoue compte près de 15 000 membres, s'opposent régulièrement à l'aristocratie arabe.

Ce conflit fragilise la stabilité du pays et un complot esclavon est organisé dès la mort d’Al-Hakam II. Menés par Fâ'ik al-Nizâmî, grand maître de la garde-robe et des manufactures, et Djawdhar, grand orfèvre et grand fauconnier, le groupe des eslavons souhaite placer sur le trône le frère d'Al-Hakam II, Al-Mughîra. Ce dernier présente l'avantage d'être âgé de vingt-sept ans, alors que Hishâm le successeur désigné n'avait qu'une dizaine d'années. La crainte que son très jeune âge puisse provoquer une crise dynastique est une menace que les esclavons souhaitent écarter. Mis au courant du complot, le chambellan Al-Mushafî dénonce immédiatement les meneurs et la tentative de priver le futur calife de ses droits est un échec. Un conseil est tenu afin de porter au pouvoir le jeune Hishâm tandis qu’al-Mushafî décide d’assassiner al-Mughîra et charge Al-Mansûr de la besogne. À son arrivée au palais d'Al-Mughîra, Al-Mansûr l’interroge sur ses intentions et son aspiration au pouvoir ; Al-Mughîra, comprenant le but de la visite de la visite, jure une totale obéissance au nouveau calife Hishâm. Pris de pitié, Al-Mansûr envoie immédiatement une lettre à Al-Mushâfi pour lui assurer que le frère du défunt calife ne constuitue pas une menace et que son élimination n’est pas nécessaire. En dépit de ses arguments, Al-Mansûr doit accomplir sa mission et charge ses soldats d’étrangler Al-Mughîra et de maquiller le meurtre en suicide. À son retour auprès d'Al-Mushâfi, Al-Mansûr est accueilli avec reconnaissance.

Craignant pour leurs vies, Fâ'ik et Djawdhar se rangent immédiatement à la décision d'Al-Mushafî et, le 3 octobre 976, Hishâm II est intronisé. Almanzor, au cours de la cérémonie, est chargé de lire à haute voix l’acte d'investiture durant lequel les dignitaires et juristes prêtent serment d’allégeance (bay'a) au nouveau calife. L’intronisation du nouveau calife n'est cependant pas au goût de tous, l’âge de ce dernier, impliquant une régence, et une rumeur faisant état de troubles mentaux de celui-ci accentuent la vague de réprobation née de l’assassinat d'Al-Mughîra. Ces évènements permettent à Almanzor et Al-Mushafî de s’entraider voire de s'apprécier, afin de déjouer les complots qui les visent tous les deux. Aidés par Subh, la mère du jeune calife, Almanzor et Al-Mushafî mettent tout en œuvre pour apaiser les tensions et rendre le nouveau calife populaire. Le 8 octobre 976, le nouveau calife en habit d'apparat est présenté aux habitants de Cordoue et, pour l'occasion, la taxe sur l'huile est abolie, faisant la joie du peuple. Almanzor reçoit quant à lui le titre de vizir et Al-Mushâfi accède au poste de hâdjib, l'équivalent d'un premier ministre.

Ces mesures pour accroître la popularité du jeune calife n'empêchent pas les esclavons de continuer leurs complots. Alertés qu'une révolte menée par Fâ'ik et Djawdhar couve au sein de l'Alcazar, Almanzor et al-Mushafî arrêtent les meneurs. Djawdhar présente sa démission et quitte le palais califal et Fâ'ik est déporté dans l'une des îles des Baléares où il meurt peu après. Un grand nombre des cadres esclavons de l'armée sont radiés et privés de solde, ce qui ne manque pas de réjouir la population de Cordoue qui n'apprécie guère leur insolence. Les trois personnes les plus importantes du califat sont désormais Al-Mansûr, Al-Mushafî et Ghâlib, le gouverneur de la Marche Moyenne, une région particulièrement vulnérable mais stratégique pour les campagnes en direction des royaumes de Castille et de León.

L'ascension au pouvoir :


Fichier:Puente Enrique Estevan Tormes.JPG
Le nouveau calife installé au pouvoir, Almanzor concentre désormais ses efforts sur le terrain du djihad. La maladie et la mort d'Al-Hakam II et l'avènement d'un souverain très jeune incitent les royaumes chrétiens à attaquer les régions situées entre le Tage et le Douro, voire à s'approcher dangereusement de Cordoue. Al-Mansûr conseille à Al-Mushafi de prendre rapidement des mesures sinon il risque de perdre ses privilèges. Ce dernier approuve l'idée d'une riposte mais ne trouve personne pour la diriger à part Al-Mansûr qui exige une somme exorbitante de cent mille dinars qu’Al-Mushâfi accepte d'allouer car n'ayant d'autres solutions. En février 977, Al-Mansûr regroupe les meilleurs soldats du royaume et prend le chemin de la guerre en assiègeant Al-Hamma, une forteresse située aux confins du royaume de León et de l'Estrémadure et construite par le roi Ramire II après sa victoire à la bataille de Simancas. Les importantes richesses issues de la campagne militaire et ramenées à Cordoue le 17 avril 977 par Almanzor lui valent la sympathie du peuple et de l'armée et en particulier celle de Ghâlib avec lequel il a combattu durant plusieurs années. Cette victoire constitue un sérieux revers pour les rois chrétiens qui cessent leurs attaques contre le califat. La campagne victorieuse contre Al-Hamma représente un grand succès pour Al-Mansûr et éteint toute critique au sein d’une armée plutôt défiante envers ce juriste devenu chef militaire. Dorénavant, l'armée lui était totalement dévouée.

Fichier:Castillo de Penafiel 7111.JPG

Plus rien n'empêche Almanzor de s’emparer du pouvoir si ce n'est Al-Mushafî lui-même et au fur et à mesure qu’augmente le prestige d'Al-Mansûr, celui d'Al-Mushâfi descend ; homme de lettres et poète, il paraît faible comparé à son protégé dont il sollicite sans cesse l’avis. De plus, ses origines modestes constituent un handicap auprès de la noblesse qui le considère comme un parvenu. C’est en particulier le cas de Ghâlib qui hait l'idée qu'une personne n'ayant jamais participé à une bataille puisse être premier ministre. L'éviction d'Al-Mushâfi est facilitée par les vives critiques à son encontre. Accusé de favoriser la nomination de membres de sa famille pour des postes importants, Al-Mushafî est en proie à la jalousie de nombreux dignitaires qui lui reprochent d'être un piètre homme d'État. Almanzor utilise cette opposition pour parvenir à ses fins et, grâce au prestige acquis par ses nombreuses victoires militaires et à son alliance avec Ghâlib, dont il épouse la fille, le projet de renverser Al-Mushafî se réalise le 26 mars 978 avec l’arrestation de ce dernier, de ses fils et de son neveu. Leurs biens sont confisqués et ils sont condamnés à de lourdes amendes. Al-Mushafi meurt assassiné en prison. Almanzor, durant tout le procès, prend un plaisir apparemment injustifié à maltraiter celui qui l’a mené en haut du pouvoir. Le coup de force d’Almanzor n'est toutefois pas du goût de tous ; très rapidement, des résistances apparaissent, ainsi que des complots remplacer le calife Hishâm II par un des petits-fils d'Abd al-Rahman III, Abel-Rahman ibn Oubeid-Allah. Almanzor réprime brutalement cette contestation en exécutant les conspirateurs.

Une fois Al-Mushafî mort, la dernière limite à l'accession au pouvoir d'Almanzor est le calife Hishâm II. Dominé par sa mère Subh, de santé fragile et atteint de troubles mentaux, Hisham II n'a qu'un rôle représentatif et c'est à Almanzor que revient la mission de défendre la religion, mener la guerre contre les infidèles, protéger les frontières ou encore de faire exécuter les jugements. Selon les travaux de Reinhard Dozy, il apparaît qu’Almanzor ne souhaite pas et surtout ne peut pas usurper le titre de calife, une idée inadmissible pour la population car les Ommeyyades, héritiers de la première dynastie musulmane, représentent le seul et unique lien unissant l’oumma. Les juristes confirment à Almanzor qu'en cas de destitution du calife, le nouveau souverain doit appartenir à la famille Quraych. Ses nombreuses victoires ne peuvent compenser le handicap constitué par l’absence de légitimité dynastique.

Dans l’impossibilité de se faire élire calife, Almanzor s'adapte à la situation. En mars 991 il abandonne le titre de hâdjib, tout en l'attribuant à son fils Abd al-Malik, et s’approprie celui de roi(malik). À partir de 992/993, il supprime le sceau du calife Hishâm II sur les écrits officiels pour n’utiliser que le sien et à partir de janvier 996, il décrete qu'on ne s'adresserait à lui qu'en employant le titre de sayyîd tout en l'interdisant pour les autres dignitaires. Il s'attribue également l’appellation souveraine de noble prince (malik karîm). Finalement, en 998, il obtient le serment qu’après la mort du calife Hishâm II, le pouvoir lui soit officiellement remis ainsi qu’à sa descendance.

Madînat Al-Zâhira


Fichier:PatioDeLosLeones.jpg

Construite à partir de 936 par les Omeyyades d’Espagne sous le règne d’Abd al-Rahman III, Madînat Al-Zâhra est une ville nouvelle bâtie par le calife en honneur de sa favorite nommée Zahra. La construction de la ville s'inscrit dans la tradition arabo-islamique qui veut que chaque nouvelle puissance édifie sa propre résidence. Al-Mansûr ne déroge pas à la règle et, bien qu'il ne soit pas calife, il a pour projet de montrer sa puissance et de rivaliser avec la cité califale en fondant sa propre ville : Al-Madînat al-Zâhira. En la faisant construire à l'est de la capitale, alors que la première est à l'ouest, Al-Mansûr a pour objectif de montrer le changement.

Selon Al-Fath ibn Khaqan, repris par Ibn Idhari ou encore Al-Himyarî, c'est en 978-979, à peine un an après son arrivée au pouvoir, qu'Al-Mansûr entreprend la construction de Madînat Al Zahîra qui signifie la ville resplendissante. Le choix de l'emplacement est volontaire, en la plaçant à l'extérieur de la ville de Cordoue, le nouveau dirigeant souhaite s'éloigner de la population qui pourrait se révolter et donc en plus d’être un lieu d'habitation, la cité sert également de forteresse. Bien que construite dans un but défensif, la nouvelle citadelle est un joyau architectural selon les contemporains d'Al-Mansûr.

Fichier:Río Guadalquivir Cordoba.jpg

La cité est entourée par une muraille comprenant plusieurs portes et bâtie sur un terrain nivelé. À l'intérieur, dans un cadre luxueux Al-Mansûr fait construire des demeures pour lui, ses fils et les dignitaires de son entourage. On y trouve également des bureaux pour les chanceliers, des marchés, une mosquée située près de la porte de la ville, des magasins pour les dépôts d'armes et de grains. Les terrains environnants sont attribués à de hauts fonctionnaires ou transformés en jardins s'étageant en terrasses vers le Guadalquivir. Très rapidement, la cité et ses environs se développent. Selon Ibn Idhârî, la construction de la ville emploie un nombre considérable d'ouvriers, d'artistes réputés et de manœuvres, amenant une dépense importante. De la cité bâtie par Al-Mansûr, il ne reste aujourd'hui que de rares poèmes témoignant de sa splendeur : ses jardins de violettes, de jonquilles, de lis, de narcisses et de roses, les sièges en marbre, les étangs parés de nénuphars et de fontaines.

Fier de son œuvre, Al-Mansûr demande même au conseil des faqihs (shûra) la possibilité de faire de la citadelle une grande mosquée afin d'y effectuer chaque vendredi la prière en commun. Le droit islamique et la sunnah ne prévoyant pas l’existence de deux grandes mosquées au sein d'une même ville, les religieux refusent la proposition. Bien que mécontent, Al-Mansûr se conforme à l'avis des faqihs et on peut y voir dans ces évènements entre autres, la cause de l'agrandissement de la grande mosquée de Cordoue.

Al-Mansûr abrite une foule de poètes et d'artistes car il est convaincu que la poésie est le meilleur témoignage de la gloire d’un gouvernement. L’accompagnant au cours de ses expéditions, ils jouent un rôle majeur au sein du palais car ils chantent les exploits d'Al-Mansûr et des batailles qu'il mène. Triés sur le volet, leur connaissance de la langue arabe leur ouvre même les fonctions administratives.

Aussi exceptionnelle qu'ait été Madînat Al-Zâhira, sa fin n'en est que plus brutale. Le 15 janvier 1009, la cité est mise à sac par la population de Cordoue en colère qui emporte tout ce qui faisait autrefois le prestige du lieu. Les joyaux, les vêtements d'apparat, le marbre et même les portes sont enlevés afin d'effacer toute trace d'Al-Mâmun, laissant le lieu totalement à l'abandon. Le souvenir de Madînat Al-Zâhira reste malgré tout longtemps dans les mémoires et plusieurs siècles après, les chroniqueurs arabes en font encore état dans leurs écrits47. Il ne reste plus aucune trace de la citadelle à l’exception de sa mention dans les poèmes et textes témoignant de la cité perdue.

L'épreuve du pouvoir :


Fichier:Jean-Léon Gérôme 016 Pelt.jpg

Une fois le pouvoir califal entre ses mains, même s’il n’est pas lui-même calife, Al-Mansûr connaît les premières crises qu’il affronte en évoluant vers une autocratie dite « dictature amiride ». Le nouveau chef d'Al-Andalus commence par éliminer toutes les personnes qui pourraient lui nuire. Dans le même temps, il se démarque par la réalisation de grands travaux d’intérêt public et mène la guerre sainte dans toute la péninsule Ibérique.

Al-Mansûr cultive une personnalité ambiguë. Il peut faire preuve d'une brutalité inouïe et n’hésite pas à faire assassiner ceux qui n'approuvent pas sa politique. Il effectue également une purge au sein de l'élite (alors en majorité arabe) du pays qui affiche son soutien à la dynastie omeyyade. L'année 996 est celle de la rupture avec Subh, l’épouse de l'ancien calife Al-Hakam II, qui tente vainement de restaurer le pouvoir de son fils. Al-Mansûr déjoue le complot et Subh renonce définitivement à ses ambitions. En 998, Hishâm est installé à Madînat Al-Zahîra où il est définitivement privé de ses pouvoirs.

Dans le même temps, Al-Mansûr peut faire preuve d'une grande générosité, d’une bravoure qui lui vaut le surnom de champion du jihad et d’un sens aigu de la justice dont de nombreux auteurs arabes vanteront les mérites. Il est un souverain bâtisseur qui agrandit la Mosquée de Cordoue et construit le coûteux pont sur le Guadalquivir, très apprécié par la population cordouane, ainsi que d’autres sur le Genil ou à Tolède. Il prend des mesures radicales contre la criminalité à Courdoue, en augmentation sous Al-Mushâfi. Il n’hésite pas d'ailleurs à exécuter son propre fils condamné pour crime démontrant ainsi qu’avec lui il n'y a plus de privilèges. Il défend le peuple contre les Esclavons qui outrepassent leurs droits et fait appliquer les sentences de justice, comme pour un de ses hommes de confiance qui bat son épouse. Condamné par le grand cadi Ibn Zarb qui le fait jeter en prison, le mari violent espère recouvrer la liberté grâce à sa proximité avec Al-Mansûr. Celui-ci lui répond :

«  Celui dont tu te plains est le cadi et il est dans son droit ; il m’aurait appliqué la loi que je ne pourrais m’y soustraire. Retourne donc en prison et avoue tes torts, c'est ainsi que tu pourras recouvrer la liberté. »

Al-Fath ibn Khaqan écrit d'ailleurs à propos d'Al-Mansûr :

« Grâce à lui l’ordre régna dans les provinces, les routes ne laissèrent rien à désirer, tous les chemins devinrent sûrs, toutes les caravanes voyagèrent tranquilles. Il régna en Espagne plus de vingt années, sans que l’on pût rien reprocher au bonheur du pays, sans qu'aucun bruit se fît entendre de quelque acte blâmable, et le royaume enveloppé d’éclat et d’une lumière d’aurore respira d'un air irakien. »

Fichier:Mezquita de Córdoba con nieve - BLANCA.jpg

Al-Mansûr n’apporte guère de changements au sein de l’administration. La situation est totalement différente au sein de l’armée qui est réorganisée en profondeur, l’ambition d’Al-Mansûr étant de faire du califat la première puissance d'Europe. Craignant que les partisans arabes des omeyyades se révoltent contre celui qu’ils considèrent comme un usurpateur, mais également désireux de disposer d’un grand nombre d’hommes pour continuer à mener le jihâd, Al-Mansûr se tourne vers le Maghreb et ses tribus berbères, qu’il a eu l'occasion de rencontrer et de mesurer la valeur au combat alors qu’il était au service du calife Al-Hakam.
Il appelle tout volontaire berbère ou d'Afrique noire à le rejoindre avec la promesse de généreuses récompenses. Des dizaines de milliers de soldats venus du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne répondent immédiatement à l’appel et s’enrichissent rapidement. Devant cet afflux d’immigrants, Cordoue doit même être agrandie ainsi que sa grande mosquée qui, par ses plus de vingt-deux mille mètres carrés, est devenue la troisième mosquée du monde musulman par la taille. Un poète commente ce flux migratoire berbère :

« Au moment où ces Africains arrivent à Cordoue, leurs vêtements tombent en lambeaux mais bientôt on les voit exhiber dans les rues les plus précieuses étoffes et montant les plus beaux coursiers, tandis qu’ils habitaient des palais dont ils n’avaient jamais vu pareils, même dans leurs rêves. »

Afin de souder les troupes mais aussi d’éviter des révoltes des tribus arabes ou berbères, Al-Mansûr impose dans les unités des quotas de combattants d'origine étrangère, chrétienne et réorganise les troupes sans prendre en compte l’appartenance de chaque soldat à sa tribu d’origine. La réorganisation de l’armée n'est pas au goût de Ghâlib, son beau-père, général reconnu et royaliste convaincu, qui critique d’autant plus son comportement vis-à-vis du calife Hisham II. Le 10 juillet 981 à la bataille de San Vicente, Al-Mansûr combat Ghâlib qui meurt dans la bataille en tombant de cheval. Suite à cette victoire, il s’approprie le surnom honorifique d'Al-Mansûr qui signifie le Victorieux. Là encore, il n'ose pas le faire suivre du terme bi-llâh, réservé aux califes, montrant ainsi qu’il connaît les limites à ne pas franchir.

Aux soldats berbères s’ajoutent des mercenaires chrétiens provenant du nord de la péninsule Ibérique, attirés non seulement par les richesse offertes par Al-Mansûr, mais également par la sécurité et le sentiment de justice qui régnent alors à Cordoue. Al-Mansûr démontre envers ces mercenaires chrétiens une attention toute particulière comme avec l’instauration d’un jour de repos le dimanche ou encore une stricte égalité avec les musulmans. Ces mercenaires n’hésitent alors pas à combattre leur propre patrie.

La rupture avec Subh :



En 996, après une vingtaine d'années au pouvoir, Al-Mansûr décida qu'il était temps pour lui de prendre réellement le pouvoir en se proclamant calife afin d'installer sa propre famille au pouvoir. Cette idée lui était inconcevable auparavant, car la tradition voulait que le calife soit obligatoirement un descendant de la tribu Quraish descendants du prophète de l'islam et que le peuple finirait par se révolter. Mais les nombreuses victoires et les assassinats d'opposants ont fini par faire taire toute critique. De son côté le jeune calife Hishâm II qui a atteint depuis longtemps l'âge de régner était toujours confiné dans son palais sans possibilité de contact extérieur mis à part les personnes qu'Al-Mansûr avait autorisé. Subh, la mère d'Hishâm II qui avait longtemps été la bienfaitrice d'Al-Mansûr comprit les intentions de celui-ci. Si son ancien protégé n'est pas chassé du pouvoir, son fils resterait son prisonnier et n'accéderait jamais au trône, elle décide donc de mettre en place un complot. Dans un premier temps Subh essaye de redonner confiance à son fils en le persuadant qu'il était temps pour lui de se détacher de la tutelle d'Al-Mansûr qui après tout n'était qu'un petit noble de province. A l'extérieur du palais elle faisait courir le bruit que son fils allait bientôt sortir de son palais et enfin régner comme son père avant lui.

Hishâm obéit à sa mère et se montre de plus en plus critique envers Al-Mansûr. Subh envoie dans le même temps des lettres et de l'argent à certains chefs du Maghreb leur demandant leur soutien dans son complot. Mais Al-Mansûr est très rapidement mis au courant du complot là encore. Craignant pour son pouvoir mais aussi pour sa vie, il utilise toute sa force de persuasion pour convaincre Hishâm qu'il n'était pas encore prêt à gouverner, en prenant comme prétexte la difficulté du pouvoir, des combats et des intrigues politiques. Hishâm qui est resté très puéril à cause des nombreuses années de captivité, accepte les arguments d'Al-Mansûr en abandonnant son projet et met par écrit sa volonté de voir Al-Mansûr tenir le pouvoir, et les terres des chefs du Maghreb qui ont participé au complot tombent sous les mains du califat de Cordoue.

Djihad :


Fichier:Iberian Peninsula fr 1000 fr-2.svg



De 977, date de son premier exploit guerrier, à sa mort, Al Mansûr plus de cinquante expéditions militaires toutes victorieuses au rythme de près de deux expéditions par an.

La formation que reçoit Al-Mansûr ne le prédestine pas à la guerre ni même à devenir stratège, juriste puis gestionnaire des biens de la princesse Subh et de ses enfants, sa carrière dans l'administration était toute tracée. Mais comme l'écrit l'auteur andalous Ibn al-Athîr, Al-Mansûr ne cesse de songer au combat et il souligne son habilité et son adresse.

Al-Mansûr se caractérisera par sa présence sur le champ de bataille, contrairement à Abd al-Rahman III qui depuis la défaite de Simancas reléguait cette tâche aux grandes familles qui gouvernaient les marches d'Al-Andalus préférant rester à l'arrière afin de diriger les combats. Durant longtemps le djihâd andalous est resté défensif, il consiste à riposter à des initiatives chrétiennes du nord sur les terres musulmanes. Sous le règne d'Al-Mansûr, le combat devient offensif, le but n'est pas de défendre les territoires acquis mais au contraire d'attaquer l'adversaire sur ses terres. Difficilement prévisibles car menaçant toute la péninsule comme le montrent les cartes et d'une dureté inédite, Al-Mansûr combattra les rois chrétiens selon le poète Ibn Darradj al-Kastalli «été comme hiver». Les expéditions victorieuses, en plus du prestige qu'elles apportent au sein de la population assurent à Al-Andalus des rentrées d'argent conséquentes et aux soldats de généreuses récompenses composées d'or, de captifs ou d'animaux.

Il est intéressant de noter que durant le règne d'Al-Mansûr, les expéditions n'ont jamais menées à une expansion territoriale. En effet, le but de celles-ci n'était pas d'étendre les terres sous contrôle musulman mais uniquement de soumettre et humilier les rois chrétiens. Les avantages de cette politique sont nombreux, ils permettent de ne pas mobiliser trop de troupes dans le maintien des nouvelles villes conquises et impose aux chefs chrétiens de payer un tribut à l’instar des souverains de León, de Castille, de Pampelune ou de Catalogne.

Utilisant habillement les valeurs guerrières des soldats berbères issus du réservoir quasi inépuisable que représentait le Maghreb, Al-Mansûr s'assurera constamment d'avoir une supériorité numérique sur ses ennemis. Il fournira à ses nouveaux soldats d'Afrique du Nord des armes, des chevaux et de fortes récompenses ce qui attire par conséquent de nombreux soldats issus de différentes tribus berbères qui se mélangent au sein de l'armée arabe.

Organisation :


Fichier:Boulanger Gustave Clarence Rudolphe An Arab Horseman.jpg



Les préparatifs pour les expéditions militaires font l'objet d'un quasi rituel et sont à chaque fois l'occasion pour le pouvoir amiride de grandes parades qui engagent des moyens considérables et permettent une démonstration de force qui impressionne le peuple. Le vendredi précédant le départ, l'armée, les chefs militaires et les vizirs se rassemblent à la Porte de la Victoire de la cité de Madinat Al-Zahîra où ils paradent, ensuite les étendards sont remis dans la grande mosquée. L'itinéraire emprunté par le cortège n’est communiqué que la veille, obligeant les gouverneurs à une organisation rapide. Le nombre de combattants lors des expéditions est difficile à évaluer mais on rapporte que lors d'une des campagnes Al-Mnasûr regroupa 46 000 cavaliers et 26 000 fantassins. Le poids de la cavalerie est donc conséquent, ce qui nécessite un nombre faramineux de chevaux issus des haras gouvernementaux de Séville ou qu'on réquisitionne dans tout Al-Andalûs. Les militaires prennent avec eux les vivres, les tentes, la literie, l'armement. Pour faciliter les mouvements, les catapultes sont stationnées à Medinaceli ce qui rend cette ville une étape incontournable à toute campagne.

Tout autant qu'il inspirait le respect et l'admiration de ses hommes, Al-Mansûr inspirait la crainte. Au cours d'une inspection de troupe il vit briller à contre-temps une épée et fît immédiatement amener le coupable afin de lui demander pour quelle raison il tira l'épée sans qu'on ne le lui demande. Celui-ci lui répondit que c'était uniquement pour la montrer à ses camarades mais la punition fût lourde car il eut la tête tranchée et présentée devant les soldats. Cette crainte qu'il inspirait à ses soldats, a permis à Al-Mansûr d'imposer une discipline de fer qui donna au califat une puissance jusque là inégalée malgré qu'en question d'armement l'équipement était identique à celui des rois chrétiens.

Premiers raids :


Fichier:Sancho2Navarra.jpg



Le premier succès d'Al-Mansûr date du mois de juillet 981 lorsqu'à la bataille de Torre Vicente il remporte une victoire sur son beau-père Ghâlib, le roi de Pampelune et du comte de Castille. Au retour de la bataille, il s'accorde même le nom d' Al-Mansûr (le Victorieux). A la même date, son général Abd Allâh Pierre sèche assiège Zamora qu'il capture. En 982 lors de l'expédition appelée campagne des trois nations par Al-Udhrî, Al-Mansûr triomphe à nouveau sur ses ennemis et attaque la ville de León. Il est probable que le souhait d'Al-Mansûr fut de prendre la ville mais une tempête de neige l'oblige à retourner à Cordoue au mois d'octobre.

Toujours en 982, Al-Mansûr alerté d'une alliance de rois chrétiens pour l'attaque des terres musulmanes l'oblige à reprendre le combat. Il inflige une défaite à ses adversaires à Rueda et détruit Simancas durant l'été 983. Selon les documents chrétiens rédigés quelques années plus tard à Compostelle, les musulmans qui assiègent la ville, parviennent à détruire les murailles puis s’engouffrent par l'une des portes de la citadelle et massacrent l'armée tout en capturant la population qui sera ramenée à Cordoue. En 999, Pampelune est attaquée et en 1002 c'est au tour de Rioja de subir le même sort.

Les défaites successives des rois chrétiens divisent les membres de l'alliance qui commencent à guerroyer entre eux. Très rapidement certains des anciens ennemis d'Al-Mansûr passent des accords avec celui-ci, comme ce fut le cas avec Ramire III de León, puis c'est au tour de Bermude II de León. En échange d'un tribut annuel, les rois de León obtiennent la ville de Zamora et l'aide d'une troupe musulmane dans leur lutte contre les rebelles. Cette alliance marque un tournant dans les relations avec les rois chrétiens car ces derniers reconnaissent implicitement que sans Al-Mansûr ils ne pourraient pas conserver leur trône et autorise par conséquent le maître de Cordoue à s'ingérer dans les affaires intérieures des rois catholiques. La tactique de division n'est pas nouvelle, Abd al-Rahman III mais aussi Al-Hakam II ont utilisés ces méthodes pour affaiblir les pays chrétiens. Mais Al-Mansûr n'utilisera pas uniquement la guerre pour soumettre les rois espagnols, ainsi selon le Dhikr Bilâd Al-Andalus, al-Mansûr oblige le roi Sanche II de Navarre a lui donner sa fille Abda qui se convertit à l'islam et lui donnera même un fils, Abd Al-Rahmân qu'elle appelle Sandjûl en hommage à son père Sanche (Sanchuello en espagnol). Cette alliance permet de faire les rois de Navarre qui s'ajoutent aux rois de León déjà tributaires.

Prise de Barcelone :


Au cours de l'été 985, Al-Mansûr entreprend sa 23ème campagne contre Barcelone cette fois-ci. Au mois de mai, l'armée quitte Cordoue et traverse les villes d'Elvira, de Baza, et de Murcie et avec elle une quarantaine de poètes venus mettre en chanson les exploits d'Al-Mansûr. Après un arrêt fastueux à Murcie chez un riche propriétaire arabe, Al-Mansûr reprend la route pour arriver le 1er juillet devant les murs de Barcelone. En six jours la ville est prise un massacre s'ensuit tandis que de nombreux prisonniers sont ramenés à Cordoue. Cette expédition aura un écho bien au-delà de la péninsule Ibérique, la ville ayant été conquise par les rois Carolingiens deux siècles auparavant. Le raid sur Barcelone surprend les comtes de la ville d'autant plus que depuis près d'un demi-siècle et le calife Abd al-Rahman III, la cité entretient de bonnes relations avec le gouvernement de Cordoue. Cependant, Al-Mansûr doutant des promesses catalanes fera fi des accords précédents en détruisant la cité et vengeant aux yeux du peuple Cordouan la perte de la ville en 801 sous Al-Hakam Ier. Le but de ce raid n'est pas encore une fois la conquête de la ville mais uniquement l'humiliation et l'effroi au sein des nations chrétiennes mais aussi envers ses ennemis intérieurs qui se permettraient de le critiquer. Dans ce sens, l'objectif est atteint car la prise de Barcelone marquera durablement la chrétienté et fait taire les critiques internes. Paradoxalement comme le remarquera Pierre Bonnassie, le raid et par la suite le rachat de prisonniers permettront un important essor commercial de la cité catalane et très rapidement les relations entre les deux villes redeviennent cordiales. Dès lors, Al-Mansûr abandonne cette région au profit des royaumes de Pampelune, de Castille, de León et de Galice.

Al-Mansûr le champion du djihad :


Fichier:Almanzor campaigns fr.svg



En 986, le roi de León et le roi de Pampelune malgré les accords qu'ils avaient conclu avec Al-Mansûr décident d'expulser le contingent musulman qui commit des excès sur leurs terres. Cette décision mécontente le maître de Cordoue qui reprend la guerre contre les deux états. La même année il prend la direction de León que le roi Bermude II avait fui pour se réfugier à Zamora, très rapidement il remporte la victoire et détruit la ville qui n'a pas pu résister malgré ses hautes murailles. Peu de temps après c'est au tour de Zamora de capituler obligeant Bermude II à fuir de nouveau. Aidé par la noblesse chrétienne de Galice et de León, Al-Mansûr pille la région. Ces derniers, hostiles au roi n'avaient aucun scrupule à pactiser avec un musulman à l'instar de leur roi qui avait fait de même quelques années auparavant. En 987 il prend la route de Coïmbre qui est totalement détruite et en 989 il attaque le comte de Castille, assiège San Esteban de Gormaz et remporte Osma. En 993, Al-Mansûr épouse la fille du roi Bermude II, Teresa. L'année suivante il attaque la Castille et détruit Clunia et Avila. En 996 il attaque de nouveau le roi Bermude II et lui impose le paiement d'un tribut annuel.

Durant près vingt-cinq ans Al-Mansûr alterne entre campagne militaires et purges internes. Ses espions se trouvaient dans toutes les couches de la société et la moindre trahison aussi bien de ses sujets que celle des rois chrétiens seront sévèrement punies.

Pillage de Saint-Jacques-de-Compostelle :


Fichier:Vista de la Catedral de Santiago de Compostela.JPG



Une des plus célèbres expéditions d'Al-Mansûr eut lieu en 997, c'est celle contre Saint-Jacques-de-Compostelle. La ville située en Galice, région qu'aucune troupe musulmane n'a jamais atteinte, pas même lors de la conquête du viiie siècle, intéresse le dirigeant de Cordoue qui à ce moment guerroie au Maghreb. La situation est d'autant plus sérieuse que Bermude II souhaite profiter de l'éloignement d'Al-Mansûr pour rompre les liens de vassalité qu'il entretenait avec ce dernier. Al-Mansûr alerté, souhaite démontrer sa puissance en menant un front au Maghreb et un autre en Europe. L'attaque de la cité de Saint-Jacques-de-Compostelle, connue dans toute la chrétienté lui est alors suggérée par un noble lui-même chrétien et le 3 juillet 997 une gigantesque armée musulmane quitte Cordoue pour ce qui sera la 48ème expédition d'Al-Mansûr. En traversant Coria et Viseu l'armée est renforcée par plusieurs comtes chrétiens.

Le 10 août les forces musulmanes sont aux portes de Saint-Jacques-de-Compostelle désertée de ses habitants. Durant une semaine la ville est pillée et finalement incendiée, la basilique rasée mais la tombe de l'apôtre y reposant est conservée de même que la vie du moine en charge de sa conservation est préservée. Les portes de la cité ainsi que les cloches de l'église sont transportées à Cordoue de même qu'un nombre considérable de prisonniers. Les comptes chrétiens ayant aidés à la prise de la ville sont quant à eux généreusement récompensés.

Le saccage de la ville est considéré comme un affront à toute la chrétienté qui se répendra à travers tout l'Occident. Quand au roi Bermude, totalement dépassé par les évènements et n'ayant pas pu protéger la ville voit son pouvoir et son autorité sapés.

Décès :



En 999, malade de la goutte et âgé d'une soixantaine d'années, Al-Mansûr entreprend une campagne contre Pampelune, l'année suivante le comte de Castille s'étant rebellé subit une attaque du maître de Cordoue dans la région du cours moyen du Douro, l'issue de la bataille est incertaine, pour certains c'est une victoire d'Al-Mansûr, pour d'autres c'est sa défaite. Toutefois si c'est une victoire, elle est difficilement acquise, preuve que les armées d'Al-Mansûr sont moins fortes qu'auparavant. Après avoir pillé la région en guise de vengeance, Al-Mansûr rentre à Cordoue.

Au bout d'une carrière riche et victorieuse de près d'un quart de siècle, Al-Mansûr entreprend sa dernière expédition en direction de La Rioja qu'il remporte de nouveau avec succès. Au retour de celle-ci, Al-Mansûr, insomniaque et malade et incapable de tenir sur son cheval, il s'arrête à Medinaceli et après avoir donnés des conseils à son fils Abdel Malik et dis adieu à ses généraux il s'éteint la nuit du 27ème jour du mois de Ramadan soit le 10 ou 11 août. Selon sa volonté il est enterré dans la cour de l'alcazar de la ville. On appose sur sa pierre tombale la phrase suivante :

«  Les traces qu'il a laissées sur la terre t'apprendront son histoire, comme si tu la voyais de tes yeux. Par Allah! le temps n'en amènera jamais un semblable ni personne qui, comme lui, défende nos frontières. »

Famille et Descendance :



Al-Mansûr au cours de sa vie eût plusieurs femmes, aussi bien chrétiennes que musulmanes. La plus connue étant Asma, la fille de Ghâlib. Il eût d'elle deux fils

Abd-Allah (mort en 990)
Abd al-Malîk al-Muzaffar (mort en 1008)
Par ailleurs, il se maria avec :

Abda, fille de Sanche II de Navarre qui lui donnera son autre fils Abd al-Rahman Sandjûl (983-1009)
Teresa fille de Bermude II de León
Onneca, fille de García Ier de Castille

Héritage :


Fichier:Algeciras Almanzor.jpg



À sa mort (1002) dans la ville de Madinat-al-Salim (aujourd'hui Medinaceli) au retour d'une expédition, ses fils Abd al-Malik et Sanchuelo lui succèdent jusqu'en 1009, quand commence la guerre civile qui aboutira à la disparition du califat en 1031. Les historiens arabes se montrent très critiques envers ses deux fils qu'ils accusent trop adonnés au vin, aux femmes et d'avoir délaissé le combat, or la situation qui mènera à la fin du califat possède des origines bien plus profondes, le règne d'Al-Mansûr n'ayant servi que de catalyseur.

Sa gestion désastreuse des finances du pays joue un rôle important dans les révoltes qui suivront. Al-Hakam II, avait de son vivant amassé de grandes richesses, près de quarante millions de dinars soit environ six ans de recettes. Al-Mansûr, par son enrôlement systématique de mercenaires, l'achat et les récompenses envers les chefs de tribus berbères ou encore la construction du palais de Madinat Al-Zâhira a engloutit ces précieuses économies et aggravé la crise qui s'ensuivrait. Plus grave, en supprimant les privilèges et en réduisant la puissance de l'ancienne noblesse arabe au profit de mercenaires berbères ou chrétiens totalement indifférents à la culture andalouse il rompt l'équilibre social qui avait prévalu durant les trois siècles précédents et qui avaient fait la gloire du califat. Enfin, alors qu'avec ses prédécesseurs les guerres entre chrétiens et musulmans ne consistaient qu'à faire de petites batailles et le reste du temps étaient cordiales, les pillages et crimes commis par Al-Mansûr envers les terres des rois catholiques au nord marqueront durablement la chrétienté et accélèrent la Reconquista. Moins d'un siècle après la mort d'Al-Mansûr en 1064, Coïmbra tombe et en 1085, Tolède, la capitale du savoir andalous est prise.

Fichier:Cara sur del Almanzor.JPG


Malgré les années de terreur qu'il infligea aux rois chrétiens, les récits sur Al-Mansûr dépasseront à peine la péninsule ibérique et le plus souvent ils sont soit faux, soit très vagues. En Espagne même les ressources sont rares et sont le plus souvent en rapport avec la destruction de Compostelle mais c'est paradoxalement à Barcelone que son souvenir est le plus vivant. Son attaque sur la ville et la non-assistance des rois carolingiens et capétiens marque la naissance de la Catalogne, au cours du Moyen Âge sa biographie fera même l'objet d'éloges rejoignant ainsi les chevaliers de l'islam dans l'imaginaire occidental tel que Saladin. Bien que les campagnes menées par Al-Mansûr aient été nommées par lui-même en tant que Jihâd, que la destruction et le pillage d'églises et de monastères était monnaie courante (essentiellement pour les richesses que ces bâtiments contiennent), Al-Mansûr n'était pas un fanatique religieux. Le récits chrétiens bien que décrivant Al-Mansûr comme le fléau des chrétiens et un allié du démon ne montrent pas pour autant une hausse de persécutions envers les musulmans. Al-Mansûr lui même a engagé de nombreux mercenaires et guerroyé avec des comtes chrétiens, le but premier de ces campagnes étant non pas une guerre contre la chrétienté mais uniquement l'acquisition de richesses, d'esclaves et l'humiliation des rois chrétiens.

En 2002, plusieurs villes comme Cordoue, Evora voir même Poitiers fêteront le millénaire de la mort du maître de Cordoue et même si les sources à son propos son rares, il fait l'objet encore de nos jours de nombreux récits, livres et poèmes.

Une question ce pose donc tous naturellement à tous les habitants du Maghreb, pour quelle raison aucune fête en l'honneur d'Al-Mansûr n'est organisé? Pourtant alors que les peuples du Maghreb honore Saladin le kurde qui reconquis les terres arabes en orient face au croisé, ils oublient leur propre Saladin berbère.