Le peuple libyen doit avoir les moyens de se défendre, a déclaré le prince héritier du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, à l'ouverture de la première réunion officielle du groupe de contact sur la Libye, mercredi, à Doha.
Le Groupe de contact sur la Libye ets réuni à Doha, au Qatar. |
« Notre réunion a principalement pour but de soutenir le peuple libyen pour qu'il puisse [...] décider de son sort », et de « permettre au peuple libyen de se défendre pour qu'il décide de son avenir », a-t-il lancé.
Le prince héritier n'a pas fait allusion aux propositions visant à armer les rebelles, comme l'ont avancé les Italiens, ou à créer un fonds de financement pour les insurgés, comme le suggèrent à la fois les Italiens et les Britanniques.
Ces sujets seront vraisemblablement abordés au cours de la réunion, qui se met en branle au moment où les divergences entre pays membres de la coalition internationale au sujet des gestes à poser apparaissent au grand jour.
La rencontre du Groupe, qui est coprésidée par le Qatar et le Royaume-Uni, réunit des ministres des Affaires étrangères de pays européens et arabes, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et des représentants de la Ligue arabe, de l'Union africaine, de l'Union européenne.
Les États-Unis, qui ont cessé de coordonner les frappes militaires en Libye la semaine dernière, n'ont pas dépêché la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. Washington est représenté par d'autres responsables du secrétariat d'État.
Un émissaire du Conseil national de transition libyen, Mahmoud Jibril est aussi à Doha, tout comme l'ex-ministre des Affaires étrangères libyen, Moussa Koussa. Ce dernier s'est rendu au Qatar depuis Londres, où il a trouvé refuge après avoir fait défection. Nul ne sait exactement quel sera son rôle. Les rebelles disent qu'ils refusent de le rencontrer.
Le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdellatif Laabidi, n'est pas à Doha. Il s'apprête à se rendre à Chypre, pour y rencontrer son homologue, a fait savoir mercredi un porte-parole du gouvernement chypriote.
Situation humanitaire catastrophique
Ban Ki-moon a affirmé au début de la réunion de Doha que « dans le pire des cas, jusqu'à 3,6 millions de personnes pourraient avoir besoi d'aide humanitaire » en Libye.
« La situation humanitaire continue à se dégrader. Près d'un demi-million de personnes ont quitté le pays depuis le début de la crise [...] et il y a quelque 330 000 déplacés dans le pays.
Divergences de vues
Si les ministres britannique et français des Affaires étrangères ont déclaré mardi que l'OTAN devait en faire plus pour aider les rebelles, d'autres voix se sont élevées pour soutenir le contraire. Le secrétaire d'État espagnol aux Affaires européennes a notamment dit exactement le contraire.
Mercredi, un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères, Maurizio Massari, a déclaré que Rome appuie l'idée de fournir des armes aux rebelles. L'Italie, a-t-il dit, est d'avis que la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies ne l'interdit pas.
Le ministre belge des Affaires étrangères Steven Vanackere, qui représente son pays et les Pays-Bas à Doha, a rapidement répliqué qu'ils n'étaient pas en faveur de cette mesure: « les résolutions de l'ONU prévoient de protéger les populations civiles, mais pas de les armer », a-t-il fait valoir.
Les insurgés libyens peinent à s'imposer face aux troupes kadhafistes |
Malgré la proposition italienne, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a réitéré à son arrivée à Doha qu'il n'y a « pas de solution militaire » au conflit en Libye. Il a dit espérer que la réunion du groupe de contact puisse « faciliter une solution politique au problème en Libye ».
Rome et Londres proposent par ailleurs d'utiliser les fonds libyens saisis dans différents pays pour financer les rebelles. L'idée a été accueillie froidement par le ministre allemand des Affiaires étrangères, Guido Westerwelle.
« La question financière est cruciale, nous devons prendre de l'argent des avoirs gelés. Nous y sommes favorables et nous le proposerons dans les discussions », a expliqué un responsable du ministère italien des Affaires étrangères.
« Nous voulons une sorte de programme "pétrole contre nourriture", comme en Irak, une sorte de fonds qui détournerait de l'argent des avoirs gelés en direction des rebelles », a précisé ce responsable.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a également déclaré à son arrivée à Doha qu'il espère « parvenir à un accord sur un mécanisme financier provisoire dans la région au profit des zones contrôlées par le Conseil national de transition en Libye ».
Il avait auparavant déclaré sur les ondes de la BBC que ce fonds, qui pourrait être financé par les pays du Golfe, était destiné à maintenir les services de base dans l'est du pays contrôlé par la rébellion.
Interrogé à ce sujet, le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, s'est montré sceptique. « La question est: est-ce légal? La réponse, c'est qu'on ne le sait pas. Nous devons voir à qui appartient cet argent, c'est quelque chose dont on devra discuter », a-t-il dit.
À l'instar du secrétaire général de l'OTAN, le ministre Westerwelle soutient qu'il n'y a « pas de solution militaire en Libye ». Il affirme cependant que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi « doit partir », parce qu'il « n'a pas d'avenir en Libye ».
La question de l'avenir du colonel Kadhafi divise aussi les membres du groupe de contact. Les rebelles assurent que son départ et celui de ses fils est une condition sine qua non à tout cessez-le-feu. Cela explique pourquoi ils ont rejeté mardi le plan de paix soumis par l'Union africaine.
La Turquie, qui maintient des relations avec le clan Kadhafi et les rebelles depuis le début du conflit, devrait soumettre un nouveau plan de paix mercredi à Doha.
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